Onésime MUKE MUKIS
L’avortement demeure l’un des enjeux les plus délicats du débat sur la santé reproductive en Afrique. Dans un continent marqué par des valeurs culturelles et religieuses profondément enracinées, la question de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) suscite des passions, des jugements tranchés et, trop souvent, un silence lourd autour des souffrances vécues par les femmes. Dans la majorité des pays africains, les législations sont soit restrictives, soit ambiguës, n’autorisant l’avortement que dans des cas extrêmes (viol, inceste ou danger grave pour la vie de la mère). Ces restrictions ont pour effet direct de pousser des milliers de femmes à recourir à des méthodes clandestines, souvent pratiquées dans des conditions non médicalisées. L’Organisation Mondiale de la Santé estime qu’en Afrique, environ 3 femmes sur 4 ayant recours à un avortement le font dans l’illégalité, ce qui engendre un lourd tribut humain : infections, hémorragies, stérilité, traumatismes, voire décès. Les conséquences psychologiques sont tout aussi alarmantes : culpabilité, rejet social, dépression, et dans certains cas, poursuites pénales contre les femmes concernées et les prestataires.