Louis Lavelle
Il est impossible de déduire le temps en ce sens que nous disposerions d’un principe premier d’où le temps pourrait être dérivé. Car cette dérivation supposerait déjà le temps, c’est-à-dire une distinction d’antériorité et de postériorité (au moins logique) entre ce prin-cipe premier et la conséquence qu’on en voudrait tirer. Or cette conséquence même est le temps : mais il est inséparable de l’acte même de la déduction et ce n’est que par un so-phisme qu’on peut espérer l’en faire sortir. Toutefois la déduction du temps resterait possible en un autre sens. Car un principe premier pourrait être omniprésent à tous les moments du temps, au lieu de les précéder : il n’existerait qu’avec le temps qui serait comme la condition de son opération ; il ne se dis-tinguerait pas du temps lui-même considéré non plus dans la diversité de ses moments, mais dans l’acte même qui le produit...