Louis Lavelle
Nous nous représentons les trois idées de possibilité, d’existence et de nécessité comme trois degrés d’une même réalité. Pour qu’un être existe, il faut d’abord qu’il soit possible. Et même nous distinguons dans la pure possibilité l’absence de contradiction, qui en est la forme logique, puis l’accord idéal avec les lois les plus générales de l’univers sans lequel la possibilité est dénuée de valeur objective. La possibilité reçoit avec l’existence une propriété nouvelle : et cette propriété peut lui être conférée du dehors par un acte de création, ou découler de sa propre essence, qui, par une sorte de mouvement interne, viendrait à éclosion. Mais la notion d’existence retient encore quelque imperfection : de même que la possibilité consistait dans la détermination primitive de la matière de toute pensée, mais réservait le problème de la présence ou de l’absence d’une matière pour la pensée, de même l’existence, en introduisant dans le champ des possibles une nouvelle limitation, laisse ouverte la possibilité même de penser l’être comme inexistant, ce qui implique qu’elle ne dépasse pas le fortuit...