Renè Guènon
Nous avons signalé la confusion qui est faite trop fréquemment entre la Tradition primordiale, originellement polaire au sens littéral du mot, et dont le point de départ est celui même du présent Manvantara, et la tradition dérivée et secondaire que fut la tradition atlantéenne, se rapportant à une période beaucoup plus restreinte. Nous avons dit alors, et ailleurs aussi à diverses reprises, que cette confusion pouvait s’expliquer, dans une certaine mesure, par le fait que les centres spirituels subordonnés étaient constitués à l’image du Centre suprême, et que les mêmes dénominations leur avaient été appliquées. C’est ainsi que la Tula atlante, dont le nom s’est conservé dans l’Amérique centrale où il fut apporté par les Toltèques, dut être le siège d’un pouvoir spirituel qui était comme une émanation de celui de la Tula hyperboréenne ; et, comme ce nom de Tula désigne la Balance, sa double application est en rapport étroit avec le transfert de cette même désignation de la constellation polaire de la Grande Ourse au signe zodiacal qui, actuellement encore, porte ce nom de la Balance. C’est aussi à la tradition atlantéenne qu’il faut rapporter le transfert du sapta-riksha (la demeure symbolique des sept Rishis), à une certaine époque, de la même Grande Ourse aux Pléiades, constellation également formée de sept étoiles, mais de situation zodiacale ; ce qui ne laisse aucun doute à cet égard, c’est que les Pléiades étaient dites filles d’Atlas et, comme telles, appelées aussi Atlantides.